santé mentaleà l’écoute des entendeurs de voix…
- Le LA du Hautbois
- 6 mai
- 4 min de lecture
Dernière mise à jour : il y a 2 jours

Vendredi 16 mai à 20H30
Pour faire face aux préjugés persistants, lecture d’extraits du livre des témoignages de personnes entendeuses de voix, paru récemment aux éditions universitaires de l’UMONS.
Ouverte à tous, la soirée est dédiée aux personnes concernées par le phénomène
de l’entente de voix: patients, proches, soignants et enseignants
Avec la p a r t i c i p a t i o n d e :
Dominique et Tamara, Patientes rétablies à l’origine du livre
Michel TRINE, Infirmier psychiatrique
Jean-Marie WARICHET, Psychologue
Véronique BAUFFE, Directrice Générale Adjointe CHP du Chêne aux haies
Prof. Jennifer DENIS, Faculté de Psychologie et des Sciences de L’Education UMONS
Louisa BILLON & Romane LOUP, étudiantes section Théâtre Conservatoire Royal de Mons ARTS2
Inscriptions et réservations repas : Le LA du Hautbois : 065595142
" Mon activité d’infirmier au sein de l’équipe mobile de psychiatrie de Mons m’a permis
de rencontrer et de suivre sur le long cours de nombreuses personnes psychotiques.
Ces suivis se poursuivent là où se trouve la personne. Ils commencent à domicile ou
dans le cadre d’une fin d’hospitalisation, et nous permettent de rencontrer tous les
intervenants, le psychiatre hospitalier ou de consultation, l’administrateur de biens
quand il y en a un, le (la) psychologue, le (la) ou les assistants sociaux en charge de
la situation, les intervenants à domicile comme l’infirmière, l’aide-ménagère, l’aide
familiale, la police et le juge de paix en fonction des situations, le propriétaire du
logement, ou même l’institution pénitentiaire… Mais aussi les proches qui sont
souvent d’un très précieux secours, bien qu’ils puissent aussi être contributeurs de la
souffrance de la personne, conjoint, parents, fratrie, enfants, amis, voisins.
Nous effectuons presque toujours les visites à domicile en binôme, permettant ainsi
de faire tourner l’équipe dans une prise en charge donnée, ce qui assure un meilleur
suivi pendant les vacances, ou l’absence d’un agent habituel auprès d’un
intervenant.
Parallèlement à ce travail qui constitue notre core business, je me suis grâce à un
collègue psychologue, Jean-Marie Warichet, impliqué dans la facilitation (modération
pourrait-on dire) de notre groupe d’entraide local pour entendeurs de voix à Mons.
Cela a été plus facilement rendu possible grâce à l’intérêt bienveillant de notre
institution psychiatrique (direction, médecins, collègues) qui a libéré à cette fin un
peu de notre temps de travail et nous a octroyé un local en dehors de l’hôpital,
garantissant un parfait anonymat aux participants. Il convient de dire cela car ce
n’était pas si évident à l’époque où cette thématique était encore presque inconnue
et très peu valorisée.
Dominique, Tamara et Francis, qui interviennent ici, ont d’abord été suivis par nous-
mêmes pendant plusieurs années comme patients, d’abord décompensés (et c’était
la raison du suivi), puis en voie de stabilisation, ensuite en voie de rétablissement
(c’est un processus dynamique), et enfin rétablis. À part Francis qui est détenu en
prison, ils fréquentent toujours le groupe. Ils sont devenus pair-aidants, encore
appelés patients partenaires. Ceci, ne serait-ce que par le témoignage qu’ils
proposent dans ce recueil.
Leur parcours est à maints égards assez typique, et représentatif de celui
d’innombrables personnes relativement à la santé mentale. C’est ce parcours qu’il
nous est apparu important d’évoquer d’une façon la plus exhaustive possible dans le
décours d’entretiens transcrits dans l’espoir d’une médiatisation, afin de servir d’outil
qui puisse aider d’autres personnes concernées par l’entente de voix et la psychose,
mais aussi d’aider des soignants engagés dans la prise en charge de ces personnes.
Les « patients » confrontés à leur situation d’entendeurs de voix, classiquement
désignés comme étant hallucinés, sont peu au courant a priori des causes et
conséquences de leur caractéristique et peu armés pour y faire face. Les soignants
professionnels, notamment des psychologues, mais aussi des infirmières, des
médecins traitants et pourquoi pas des psychiatres, peuvent manquer de références
concrètes et d’exemples parlants, utilisables pour étayer leur démarche de prise en
charge.
C’est la capacité actuelle des interviewés à parler sans détour et sans trop d’états
d’âmes de leur vécu, leur expérience sur des dizaines d’années aussi, qui les a tout
naturellement désignés pour la réalisation de ces entretiens.
C’est important de préciser que la présente démarche, atypique, a demandé
beaucoup de temps pour être sérieusement envisagée, puis beaucoup de travail
pour être réalisée, et enfin beaucoup de contacts pour être validée.
J’insiste aussi sur le fait que notre connaissance réciproque de l’un et de l’autre a
favorisé et peut-être vraiment permis le degré de confiance et de franchise profondes
et nécessaires qui apparaissent dans les échanges, quoique les deux intervenantes
ne se connaissaient pas d’avance. .
Ces témoins ont fait preuve au cours de leur existence si compliquée, d’une
disponibilité et d’une ouverture qui ont certainement contribué à leur rétablissement.
En outre, ils n’ont jamais cessé de trouver assez « normales » ces interviews
longues et répétées, qui se sont déroulées presque comme des conversations de
café du commerce, mais avec une intéressante progression continue. Qu’ils en
soient remerciés, pour tous ceux qui pourront prendre connaissance de leurs
déclarations.
À noter encore que nous avons attendu que Dominique et Tamara ne soient plus «
nos » patientes, c’est-à-dire que leur prise en charge ou en soin soit à peu près
clôturée, avant de nous lancer dans le projet des entretiens enregistrés. Cette
précaution a sans doute permis de libérer davantage leur parole, puisque le rapport
soignant-soigné asymétrique était alors mieux dépassé. Et nous savons dès lors
aussi que leur acceptation du principe des entretiens s’est faite librement, sans
pression.
Ce travail s’est fait avec l’accord des psychiatres concernés par leur suivi ainsi que
de notre psychiatre référent à l’équipe mobile, de leur psychologue et de leurs
proches.
Ce qui est rapporté ici ne vient pas de personnes ayant des connaissances et une
autorité spéciale. Le contenu de ces entretiens ne sert qu’à ouvrir la réflexion, voire
le débat entre les lecteurs, comme nous l’avons fait entre nous. Il ne peut donc s’agir
à aucun moment de vouloir fermer ce débat à partir de déclarations péremptoires
faites ex-cathedra."
Michel Trine
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